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m'arrachent et qui ne rendent encore que très foiblement les mouvemens de mon coeur. tous mes voeux sont exaucés. Il ne m'en reste plus à former que de voir la gloire et la prosperité de Votre reigne s'etendre jusqu'à l'age le plus reculé. puisse le ciel verser sur les jours de Votre Majesté la felicité qu'Elle repand sur ses peuples. vous avés sire brisé nos chaines. ce bienfait est le plus grand don du ciel. recevés l'offre de mon sang et de ma vie; ma fidelité et mon religieux attachement dureront jusqu'au tombau.

Ut in litteris hummillimis

GUSTAV CREUTZ

3.

Treshumble apostille particuliere du 20 sept. 1772 à dechiffrer par l'homme de confiance de Sa Majesté.

*) Je vais rendre compte à Votre Majesté dans cette apostille d'une conversation tres particulière que j'ai eue avec Monsieur le Duc d'Aiguillon au sujet de ses dispositions vis à vis de la Russie.

Il me dit que la paix étant pour ainsi dire faite entre la Porte et la Russie et le traité de partage signé, la Russie deviendroit par là libre de porter le printems prochain toutes ses forces et toute son attention du côté de la Suede; Que par cette raison il falloit employer tous les moyens imaginables pour la retenir àfin de donner à la Suede le tems de respirer et de prendre les forces pour consolider l'ouvrage de Votre Majesté; Que dans cette vûe le Roi de France Lui conseilloit non seulement de prevenir en tout cette Puissance par les plus grands égards, ) Upplöst chiffer.

mais même de consommer le renouvellement du Traité que la Russie paroissoit desirer avec tant de passion; Que Votre Majesté se mettoit par là dans une position tres avantageuse soit vis à vis du Danemarc, soit vis à vis de la Prusse; Qu'Elle ôtoit en même tems tout pretexte à ses voisins de troubler le repos de Son Royaume; Qu'en attendant la France Lui fourniroit tous les moyens pour retablir Ses forces et pour jouer en Europe le rôle que Ses grands talens et Sa grande capacité Lui destinoit. Il ajouta qu'il avoit donné des ordres à Monsieur de Vergennes de presenter les mêmes vues a Votre Majesté.

Il me lût ensuite la depechè qu'il avoit écrite à Mr Durand. Monsieur le Duc d'Aiguillon Lui ordonne dans cette depeche de declarer au ministère Russe que les dispositions de la France vis à vis de la Russie étoient toujours les mêmes, et que ce qui s'étoit passé en Suede ne les avoit changé en aucune façon; Que le Roi de France esperoit que l'Imperatrice de Russie verroit la revolution de Suede du même oeuil que Lui; que c'étoit la cause de tous les Souverains; Que Catherine II:e avoit montré trop d'élevation et trop de grandeur d'ame pour ne pas regarder avec horreur qu'un Prince, qui possedoit de si grandes qualités, un Prince de Sa maison et Son Cousin fut opprimé par des factieux; Que la France, pour cimenter une union stable et permanente entre la Suede et la Russie, persistoit à donner son suffrage au renouvellement du Traité exspiré, et même inviteroit la Suede à consommer cet' ouvrage; Que s'il survenoit quelque difficulté pour sa confection la France s'offroit à employer ses bons offices pour les applanir toutes; Que le Roi de France vouloit donner par là à l'Imperatrice la marque la plus convaincante de sa manière de penser vis à vis d'Elle, et du desir qu'il avoit de contribuer, autant qu'il dependoit de Lui, à la tranquilité du Nord, mais que, si au contraire contre ses voeux et son attent, la Cour de Russie songeroit le moins du

monde à inquieter la Suede, la France employeroit alors tous ses moyens et toutes ses forces pour venir au secours de son allié le plus ancien, le plus fidel et le plus cher qu'elle possedoit. Le Duc d'Aiguillon autorise en même tems Monsieur Durand de parler aussi au nom de l'Espagne jusqu'à l'arrivée de Monsieur de Lacy, qui avoit les ordres de sa Cour de se conformer en tout à ce que la France feroit.

Ces dispositions vis à vis de la Russie, si differentes de celles que la France a manifesté jusqu'ici, pourront être une suite de la reserve et du mistère que la Cour de Vienne observe depuis quelque tems avec celle-ci. L'Ambassadeur de France à Vienne s'en plaint toujours dans ses depeches, et le Duc d'Aiguillon m'a dit que cet Ambassadeur ne cesse de conseiller à sa Cour de se lier intimement avec Sa Majesté Prussienne, ce qui cependant souffriroit de grandes difficultés dans ce moment; Le Duc d'Aiguillon se plaint amèrement de la mauvaise foi de ce Prince, qui s'est servi des avances qu'il Lui à fait pour lui susciter des tracasseries avec la Cour de Vienne. D'ailleurs il est presque impossible de compter sur son amitié et sur ses engagemens. Ses alliés mêmes n'osent pas se fier à Lui. On tâche cependant de le tenir en bonne humeur, et de ne rien faire qui pourroit le blesser personellement afin de pouvoir profiter de ses dispositions si elles deviennent plus favorables par la suite.

Pour la Russie, on commence à se flatter de pouvoir la rendre plus raisonable; qui sçait même si on n'a pas des projets d'une liaison plus intime? Il y a environs six semaines que Monsieur de Vergennes presenta au Duc d'Aiguillon dans une de ses depeches l'idée de faire acceder la France au Traité, que la Suede alloit renouveller avec la Russie. Le Duc d'Aiguillon ne me dit alors rien la dessus, mais les offres qu'il fait dans ce moment à la Russie d'employer ses bons offices pour applanir toutes les diffi

cultés qui pourroient empecher le renouvellement de ce Traité, peuvent faire soupçonner que cette idée ne Lui aura pas deplû. Tout depend donc d'abord de la manière de penser de Votre Majesté, et ensuite de celle dont la Russie traitera Monsieur Durand et recevra les avances que la France lui fera. Il seroit cependant necessaire de ne point faire trop voir à Monsieur de Vergennes, que Votre Majesté connoisse qu'il a deja presenté cette idée à sa Cour.

La conduite grande et généreuse que Votre Majesté a tenûe envers ses ennémis a excité l'admiration générale et a infiniment touché le Roi. Mais la dernière fois que je fis ma cour à ce Prince chés Madame du Bary, il me chargea de dire à Votre Majesté, qu'il La prioit de montrer desormais la plus grande fermété, afin que les factieux, en comptant sur sa clemence, ne comptassent en même tems sur l'impunité. Il est extremement faché contre le Comte de Hessenstein, et je n'ai pas pû empecher qu'il ne fut rayé du tableau des Lieutenants Généreaux de France. Monsieur de Vergennes mande à Monsieur le Duc d'Aiguillon qu'il ne cesse de cabaler encore, et que les bonnets lui exaltent l'esprit par leurs éloges et leurs flatteries. Le Duc d'Aiguillon m'a chargé de son coté de suplier Votre Majesté de punir severement tous ceux qui voudroient recommencer à cabaler, àfin de detruire le mal dans sa source et ne pas rendre infructueux tous les soins que la France prend de la tranquilité exterieure de la Suede; car les voisins de Votre Majesté, jaloux de Sa gloire, deviendroient intraitables s'ils avoient les moindres esperances de fomenter de nouveaux troubles en Suede et faire revivre les factions.

Les finances commencent à se retablir peu à peu; Les effets Royaux ont monté vingt pour cent, et grace à l'oeconomie qu'on a mise dans les differens Departemens, le service se fait par le Banquier de la Cour avec une extreme facilité.

Ne faudroit il pas profiter de la chaleur du moment et de l'enthousiasme qu'on a pour la personne de Votre Majesté, pour demander des secours extraordinaires, soit sous le tître de subsides en vertû d'un nouveau Traité, soit autrement, en presentant la necessité de remonter la marine et l'armée. Cela ne doit avoir rien de commun avec le payement des arrerages qui n'est qu'une dette.

Comme je ne connoit point quelles sont les intentions de Votre Majesté la dessûs, je me borne seulement, en attendant Ses ordres, à representer en termes généraux les besoins et la necessité de retablir les forces du Royaume pour que la Suede puisse devenir util à la France.

Ut in litteris humillimis

GUSTAF CREUTZ.

4.

Paris, den 25 September 1772.

Högwälborne Herr Grefwe, Kongl. Maj:ts och Rikets Råd, Cantzlie-President, Riddare och Commendeur af Kongl. Maj:ts Orden.

Det är med en otrolig hugnad, som jag nu återtager min brefwäxling med Eders Excellence. Atanckan af de obehageliga händelser, hwilcka afbrutit densamma, förökar om möjeligt wore känslan af den innerliga glädje, som hwart troget hjerta för Konung och Fädernesland bör röna, då wår store Konung befriat Sitt folck och utrotat den oreda och de missbruk, som kastat en skugga på Swenska Nationen i hela Europas ögon.

Det betydande wedermäle, som Kongl. Maj:t lemnat Eders Excellence af Dess höga förtroende, då Kongl. Maj:t antwardat Eders Excellence det wigtiga Cantzlie Presidents

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