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et beau, croit retrouver dans Votre Majesté ces anciens heros qui aggrandissoient la nature humaine.

Je suis avec le plus profond respect

Sire

de Votre Majesté

le treshumble tres obeissant et tres soumis serviteur et sujet

GUSTAV CREUTZ.

2.

Paris, den 10 September 1772.

Stormägtigste Allernådigste Konung.

Med den sednast ankomne Posten hade jag den Nåden, att underdanigst emottaga Eders Kongl. Maj:ts Nådiga skrifvelse af den 21 sidstledne Augusti, och i lika underdånighet deraf ytterligare inhemta, det Riksens Ständer funnit Rikets wälfärd kräfwa, att öfwerenskomma om en ny Regerings Form, hwilcken de ock samma dag med Ed bekräftat.

Under den 6 sidstledne har jag redan haft den Nåden, att i underdanighet inberätta, såwäl Lieutenanten Baron Liewens som den af Franske Ambassadeuren Gref Vergennes hitsände Courierens ankomst. Som Hertigen af Aiguillon i morgon skickar sidstnämde Courier tillbaka till Stockholm, har jag trodt mig böra nyttja detta tillfället, att Eders Kongl. Maj:t härmed i underdånighet uppwakta. En lika säker utwäg lemnas mig åter med Baron Liewen, som i desse dagar lärer undfå Hans Kongl. Franska Maj:ts Swar, och förmodeligen nästkommande Tisdag den 15 blifwa i stând, att anträda återresan.

Med undersåtelig Nit och Trohet framhärdar jag till min dödsstund

Stormägtigste Allernådigste Konung,
Eders Kongl. Maj:ts

Allerunderdånigste tropligtigste undersåte och tjenare

GUSTAV CREUTZ.

N:o 1. Tres humble Apostille Particuliere du 10 de Septembre 1772.

Cette apostille doit etre dechiffrée par l'homme de con

fiance de Sa Majesté.

*) Votre Majesté me permet de rendre compte à V. M. dans cette apostille des mesures que cette Cour avoit pris pendant tout ce temps qu'elle étoit dans l'attente de voir eclater l'heureuse revolution que devoit sauver la Suede. Ausitot que le Duc d'Aiguillon reçut par un Courier de Hambourg la lettre de Mr de Vergennes, qui Lui aprit la ferme et innebranlable resolution de Votre Majesté de briser nos chaines, qu'Elle avoit mis en jeu la Finlande, pour operer ce bien, il me le communiqua tout de suite et me demanda des eclaircissements soit sur les personnes, soit sur d'autres circonstances. Les lumieres que je Lui fournit la dessûs, l'encouragent infiniment, et il en rendit compte au Roi, qui en fut enchanté. Mr Beaujon reçut ordres d'honnorer tous les ordres de Mr de Vergennes, et cet Ambassadeur devoit assurer Votre Majesté que le Roi de France sacrifieroit tout pour faire reussir Ses hauts projets, et la reponse que ce Prince a fait Lui même à Votre Majesté trouve confirmation. Mr le Duc d'Aiguillon zelé pour Votre M. n'a rien negligé de son coté pour ecarter tout ce qui pouvoit y mettre d'obstacle. Nous etions au *) Upplöst chiffer.

commencement des jours de Juliet. La flotte qui devoit croiser dans le Golfe de Biscaje etoit deja en station, elle reçut ordre d'y rester, afin de pouvoir en disposer sans donner de l'ombrage, et d'autres vaisseaux furent armés dans le plus grand secret. Je representoit au duc d'Aiguillon qu'il nous falloit des trouppes en cas de malheur, et que les regiments allemands etoient les plus propres pour cet effet. Il approuva cette idée, et nous aurions eu toutes les trouppes allemandes à notre secours, ou les auroient embarquées sur la flotte; d'un autre coté, pour oter tout soupsçon et brider nos voisins, on avoit vis à vis de la Russie les procedés les plus honnêtes: on resolut d'y envoyer Mr Durande, qui est même chargé de lever les difficultés survenues en general, du titre de Majesté Imperiale, en proposant d'ecrire desormais les lettres en Latin; le chargé d'affaires de Russie a été très bien traité; le Roi lui a parlé souvent, et les plaintes, qu'on a été obligé de faire de tems en tems sur quelques violences excercées par les armateurs Russes, ont été honnetes et decentes. La Russie de son coté est aussi devenue extremement prevenante; il en a resulté les suites les plus avantageuses pour nous. Elle a tiré toutes ses trouppes de la Finlande et de la Livonie pour les envoyer en Pologne; cela rend dans ce moment notre position très rassurante. Avant que les trouppes puissent revenir, nous gagneront l'hiver, nous aurons le tems de respirer et de pourvoir à tout. D'autre coté on a aussi caressé le Dannemarc pour l'avoir entre ses mains. On Lui a rendu les arrérages des subsides: mais pour ne pas Lui fournir de trop grandes resources, on ne Lui paye que 100000 ecus cette année, promettant de Lui donner d'avantage l'année prochaine; on l'aide pour sa paix avec l'Alger. Il a demandé la mediation de la France, qui s'y est preté de bonne grace. Dans ce moment de crise il falloit aussi songer à ne pas fournir des moyens à nos ennemis. Le

Historiska Handl. 3 Del.

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Duc d'Aiguillon resolut donc de differer sous differents pretextes avec le payement des subsides du quartier echu; mais de faire des compliments au Senateur Duben et d'empecher par là que les esprits s'aigrississent, pour que les Etats ne se portassent à une rupture ouverte. Sur ces entrefaites on aprit que Mr de Duben bailoit en secret le traité avec la Russie, ce qui fournit encore un motif de plus legitime pour suspendre les subsides. Nous etions en attente ici dans les plus vifs inquietudes. Les nouvelles desirées n'arriverent point. Dans mes lettres particulieres à Votre Maj:é je n'osoit point donner la moindre indice que j'en avois connaissance. Il falloit toujours eviter Mr Duben et avec cela le tracer des caracteres que mon coeur desavouoit. Dans ce cruel état de gène je me concentroit dans moi même, quoique je comptoit sur la fidelité de Mr Baer, comme je compte sur moi même. Je ne me serois pas ouvert à mon propre pere. Ce secret etoit bien gardé ici. L'ambassadeur d'Espagne etoit le seul, à qui le Duc d'Aiguillon l'avoit confié. L'intimité entre ces deux ministres etoit aussi parfaite qu'il etoit possible: l'Espagne devoit aussi nous secourir en cas de malheur. Nous etions alors à Compiegne. Nos allarmes augmenterent quand nous vimes par les lettres de Mr de Vergennes que l'entreprise etoit differé d'un mois. Il fallut rendre justice à cet Ambassadeur, ses depeches etoient ecrites comme si elles avoient été dictées par Votre Majesté Elle même. Mais cela ne nous rassuroit pas. Le jour je me promenois sur le che min de Noyon pour voir si le Courier n'arrivoit La pas. nuit le sommeil etoit bien loin de moi; l'absence et la distance des lieux etoit pour moi le plus cruel des tourments. J'aurois voulu etre à Stockholm, pour verser tout mon sang pour Votre Majesté. Nous aprimes alors les esperances qu'on avoit que les provinces meridionales de la Suede se declarerent et que le prince Charles devoit seconder l'expedition de la Finlande. Le Roi partageoit nos inquietudes.

Ce prince me demandoit sans cesse avec une sorte d'agitation si les nouvelles n'eventoient. Le courier de Mr Duben arrive dans ce moment: mon coeur tressailloit; mais ma joie fut bien courte lorsque j'apris le general de son Expedition. Le duc d'Aiguillon resolut alors non seulement d'amuser Duben de belles paroles, mais meme de donner une reponse favorable au Traité qu'il voulut faire. Il addoucissoit par là les esprits ennemies, retenoit la Russie, et se mettoit en etat de sauver des victimes, si l'entreprise avoit un malheureux issue. C'est ce que j'ai voulu dire dans ma derniere lettre à Votre Majesté par le courier de Mr le Colonel de Lascy, lorsque j'ai eu l'honneur Lui marquer que la reponse de France etoit prevoyante; si d'un autre coté la revolution se feroit au gré de nos voeux, cette reponse etoit indifferente, et il etoit clair, qu'à son arrivé à Stockholm tout devoit etre fini d'une maniere ou d'une autre. Au retour de la Cour de Compiegne, nous aprimes le jeudi 31 aout par des lettres de Scanie le soulevement de Christianstad; mais nous passames 4 jours sans avoir aucune nouvelle de Stockholm. Jugez, Sire, vivement de nos angoisses. Nous crumes tout perdu, ou la guerre civile eclatée. J'étoit tous ces jours à Versailles ou à Choisy; on avoit ecrit au Roi qu'il y avoit eu beaucoup de sang repandu. Il étoit extrèmement touché et allarmé. Mr de Bois expedia des ordres à Brest de faire armer et la flotte qui rentroit d'embarquer des trouppes pour Gottembourg. Heureusement le Courier de Mr de Vergennes arrive le vendredi au matin et avoit changé les inquietudes dans la joie la plus vive. Le Roi de France pleuroit d'attendrissement en lisant la lettre que Votre Majesté avoit écrite à Mr de Vergennes le 18 au soir en recommendant ses cheres restes au plus ancien allié de Sa Couronne. Ce prince n'a jamais dans aucune occasion manifesté une joie et une sensibilité pareille, et je ne puis pas rendre la bonté touchante avec la quelle il m'a reçu. Je vois que Votre

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